L’exercice du pouvoir sous les mandatures d’Emmanuel Macron se caractérise depuis le début par un rejet des corps intermédiaires. Ainsi, la première mandature a été marquée par l’effacement du rôle de l’Assemblée nationale, plus que jamais réduite à une chambre d’enregistrement : il n’était pas rare d’y voir les députés fraîchement élus y voter comme un seul homme à la réception de messages des ministères par la messagerie Telegram.
Dans le même temps, les séquences de concertation avec les corps intermédiaires se sont le plus souvent révélées être des mascarades, destinées à entériner des propositions pré-rédigées. Il en fut ainsi des états généraux de l’alimentation par exemple, décrits comme une trahison pour les organisations de la société civile[1] : la loi sur laquelle ce grand exercice de concertation a débouché était bien loin de ses conclusions, comme à propos des objectifs de développement du bio.
La création de nouvelles instances de participation citoyenne, au lendemain de la crise des gilets jaunes, a un temps été porteuse d’un espoir de refondation de la relation du pouvoir à la parole citoyenne ; cet espoir a rapidement été douché. La convention citoyenne pour le climat en fut l’exemple le plus tragique : malgré la promesse de reprendre « sans filtre » les propositions qui en sortiraient, il n’en restait plus grand chose dans la loi finalement adoptée. Là encore, c’est le sentiment de trahison qui prévaut pour les 150 citoyens tirés au sort[2]. Plus récemment, alors que de nombreux membres du gouvernement se sont mobilisés sur les antennes pour affirmer leur volonté de co-construction de la réforme des retraites, les mêmes affirmaient pourtant que la réforme sera menée à son terme, quelles que soient la mobilisation et les propositions des syndicats.
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