Nuitamment, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, s’est glissé, samedi 18 mars, au volant d’une voiture banalisée, accompagné d’un responsable local, pour « visiter » Marioupol, ville martyre d’Ukraine aujourd’hui sous contrôle russe. Il a salué quelques habitants relogés et triés sur le volet, auxquels il a soigneusement évité de serrer la main. La visite, minimale, et ses images n’ont été rendues publiques que le lendemain.
Cette première incursion de M. Poutine dans un territoire conquis depuis l’invasion de l’Ukraine par ses troupes le 24 février 2022 se voulait peut-être un geste de défi à la décision, annoncée la veille, de la Cour pénale internationale (CPI) de lancer un mandat d’arrêt contre lui pour crimes de guerre, en l’occurrence pour « déportation d’enfants ». Si c’était le cas, le geste manquait singulièrement de panache.
Mais le panache ne fait plus partie depuis longtemps de la panoplie du président russe : sous haute protection même chez lui, où il s’abstient de tout contact avec la foule et maintient les assemblées auxquelles il s’adresse à distance respectable, il est désormais à l’étranger un homme recherché. Comme pour les malfaiteurs d’une autre époque, l’ombre de l’affiche « wanted » plane aujourd’hui sur la tête de Vladimir Poutine, où qu’il aille.
C’est là la portée la plus forte de la décision de la Cour pénale internationale. La portée pratique, elle, en est très limitée. Vladimir Poutine dans le box des accusés à La Haye n’est pas, à ce stade, une hypothèse réaliste. La Cour n’a pas de pouvoirs de police, et la Russie ne livrera pas son président. Le chef du Kremlin n’est pas non plus totalement privé de voyages à l’étranger : si 123 pays ont ratifié le statut de Rome par lequel la CPI a été créée en 1998, cela en laisse encore une soixantaine hors de sa juridiction, et pas des moindres : outre les Etats-Unis, où M. Poutine avait peu de chances de se rendre, la Chine et l’Inde en font partie. L’Inde organisera le prochain sommet du G20, auquel, en principe, M. Poutine devrait être invité.
La suite ici : Vladimir Poutine officiellement infréquentable