Un sentiment de deuil et de rage s’est emparé du pays, car une grande partie de la population se rend compte que la collision ferroviaire n’était pas un incident isolé dû à une erreur humaine, comme on veut nous le faire croire, mais l’aboutissement logique d’années de dégradation et de précarisation de nos vies orchestrées par tous les gouvernements en faveur des profits privés.
L’incident met en évidence une profonde dégradation à de nombreux niveaux : la négligence criminelle et la dégradation des infrastructures publiques, le manque de personnel et de financement dû aux coupes budgétaires, les accords de privatisation de type colonial, l’appropriation clientéliste des services publics, la collusion des politiciens avec les constructeurs dans les grands travaux d’infrastructure, les campagnes de diffamation contre les syndicats de cheminots qui n’ont cessé de dénoncer les carences en matière de sécurité, l’incompétence et l’irresponsabilité du gouvernement, le cynisme des politiciens qui semblent se soucier davantage de leurs perspectives de réélection que des pertes massives de vies humaines, et la complicité des médias oligarchiques, qui mentent et manipulent pour dissimuler les vraies responsabilités.
La collision des trains touche de très près les citoyens, qui s’identifient aux jeunes passagers et à leurs familles endeuillées. Mais c’est un mécontentement plus profond qui s’exprime dans les manifestations, car ces dernières années ont été marquées par une dégradation drastique des conditions de vie de la plupart des gens, menée par une classe politique cynique et arrogante au service du capital international et de ses propres réseaux clientélistes, aidée par le black-out des médias et la répression policière de toutes les voix dissidentes. Les gens se sentent inutiles et sans protection.
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