Macron, le gâchis social et économique

Sur les retraites, Macron avait tenté en 2019 de porter l’idée d’une retraite « universelle », avec une unification des règles entre les régimes, qui sont effectivement trop complexes. Le problème est qu’il soutenait une retraite universelle très inégalitaire, consistant grosso modo à perpétuer jusqu’à la mort les inégalités abyssales de la vie active. Bien d’autres retraites universelles sont possibles, en mettant l’accent sur les petites et moyennes retraites, avec un taux de remplacement variant avec le niveau de salaire, le tout financé par un prélèvement progressif sur les revenus et les patrimoines (avec par exemple l’introduction d’un taux de CSG de 2% sur les 500 plus grandes fortunes, qui rapporterait à lui seul 20 milliards d’euros).

Aujourd’hui Macron ne cherche même plus à faire semblant et à jouer au modernisateur de l’Etat social : la réforme des retraites de 2023 vise simplement à lever de l’argent, sans aucun objectif d’universalité ou de simplification. Il s’agit même de la plus opaque des réformes paramétriques que l’on aurait pu imaginer. Les nouvelles règles sur les carrières longues sont totalement embrouillées. La soi-disante mesure sur les petites retraites à 1200 euros concernera finalement moins de 3% des retraités, et il aura fallu un an au gouvernement pour arriver à ce chiffrage toujours très approximatif, alors qu’il a à sa disposition tout l’appareil d’Etat et dépense des milliards en cabinets de conseils. La réalité, qu’il est maintenant impossible de dissimuler, est que les efforts pèseront avant tout sur les femmes ayant des salaires bas et moyens, qui devront travailler deux ans de plus sur des métiers difficiles et mal rémunérés, quand elles sont encore en emploi.

Au-delà de ces injustices et de tout ce temps perdu sur les retraites, le gâchis social et économique de la présidence Macron se retrouve dans d’autres domaines.  Si l’on examine l’évolution des moyens de l’enseignement supérieur, on constate ainsi que le budget par étudiant a diminué de 15% en France au cours des dix dernières années. Plutôt que de ressasser des powerpoints McKinsey sur la start-up nation, le gouvernement serait bien inspiré de méditer la leçon de base de toute l’histoire économique, à savoir que c’est l’investissement dans la formation qui est la source de la prospérité. De façon générale, la construction de l’Etat social a été un immense succès historique au cours du 20e siècle, et il faut s’appuyer sur cet acquis pour aller plus loin.

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