Ce débat s’est ouvert fin des années 80, très vite après la communautarisation, face aux mauvaises performances de l’enseignement francophone et son coût comparativement élevé face aux autres pays. Mais ce débat s’est refermé, gelé. Les années 90 ont été marquées par les grandes grèves des enseignants suite aux problèmes budgétaires de la communauté. Le débat sur la responsabilité des enseignants s’est alors figé.
Plus aucun ministre n’a vraiment osé rouvrir cette boîte de Pandore et affronter les syndicats sur cette question. Jusqu’à Joëlle Milquet et son Pacte d’excellence, où la question de la responsabilité des enseignants a été à nouveau posée, parmi des tas d’autres questions, et avec la participation de presque tous les acteurs de l’enseignement autour de la table.
Que dit le pacte d’excellence, aujourd’hui porté par Caroline Désir ? Il est prévu que les écoles se dotent de plan de pilotage. C’est-à-dire, et c’est une petite révolution, que les écoles soient quelque part sous contrat, un contrat d’objectif, avec le pouvoir subsidiant, la communauté française. Et dans cette logique de contractualisation, il est prévu que la direction évalue les profs par rapport aux objectifs du contrat. En cas d’avis défavorable, il peut y avoir des sanctions et éventuellement un licenciement.
Les syndicats émettent beaucoup de critiques. D’abord, que l’évaluation existe déjà, via l’inspection (mais elle est très limitée). Qu’il est déjà possible de licencier un prof nommé (même si c’est quand même très, très compliqué), qu’il y a un risque d’arbitraire avec cette procédure, qu’on risque de décourager encore une profession en pénurie…Enfin, certains pointent aussi une logique néolibérale qui serait à l’œuvre, une logique de performance, d’autoritarisme.
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