La Chine, nouveau maître du jeu au Moyen-Orient ?

La Chine enregistre une victoire diplomatique en parrainant l’accord de rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Cet accord n’est pas une surprise en soi puisqu’il a été précédé par des négociations qui auront duré deux ans en Irak et à Oman. D’autres pays du Golfe comme le Koweït et les Émirats arabes unis ont « normalisé » leurs relations avec l’Iran en août dernier en renvoyant leurs ambassadeurs à Téhéran.

Les relations entre Riyad et Téhéran ont été rompues en 2016 après l’attaque du consulat du Royaume à Mashhad en 2016. Cet épisode de tension intervient sur fond d’appui de l’Iran aux rebelles houthis au Yémen et de l’attaque à grande échelle contre des implantations de Aramco, le géant pétrolier saoudien, en novembre 2020 puis mars 2022, qui aura mis à mal pendant un certain temps la production pétrolière du Royaume. L’absence de réaction américaine a fini de convaincre les Saoudiens que leurs alliés ne voleraient pas à leur secours en cas de nécessité. D’où un changement progressif de cap et une lente mais durable mutation dans les alliances du Royaume.

L’annonce et la signature de cet accord, le jour même de la réélection de Xi Jin Ping à un troisième mandat à la présidence de la Chine, ne sont pas fortuites. Elles viennent signifier au monde que Pékin est désormais le seul interlocuteur capable de dicter à l’Iran sa conduite future. Il a aussi l’avantage de séduire l’égo de l’Arabie saoudite, en quête de statut de puissance régionale détachée des contraintes imposées par l’Occident. La veille de la signature de l’accord, le Prince Khaled Ben Salmane, fils du roi, ministre de la Défense et très proche du prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS), était en Corée pour négocier des contrats d’armements. Fayçal Ben Farhan le ministre des Affaires étrangères, a effectué quant à lui la semaine dernière une tournée qui l’a mené à Londres, Kiev et… à Moscou où il a rencontré Sergueï Lavrov.

La Russie qui n’apparaît pas dans cet accord est pourtant bien présente. Les liens qui se sont créés au sein de l’OPEP+ entre Riyad et Moscou sont très solides, puisqu’ils reposent sur une communauté d’intérêts. La Chine qui est le premier partenaire économique de l’Iran et un des principaux acheteurs du pétrole saoudien ne peut que consentir à ce rapprochement qui va dans le même sens. De ce fait, l’Arabie saoudite se trouve de facto dans le camp des alliés de l’axe Pékin-Moscou.

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