« Le gouvernement Jambon avait pour mission, en faisant preuve d’unité dans sa gestion et en engageant des réformes fondamentales, de démontrer l’opérationnalité de la Flandre. Or, c’est tout le contraire qu’il nous donne à voir. En raison du fossé qui ne cesse de se creuser entre les différents partis, le modèle flamand se heurte à ses limites. L’immobilisme de la Flandre, dans à peu près tous les domaines, est devenu intenable.
La Flandre tenait là sa dernière chance d’apporter la preuve de sa valeur ajoutée, mais si les responsables flamands ne parviennent même pas à assurer la mise en œuvre effective de l’un des rares accords qui les liaient encore, c’en est terminé. Ils deviennent les fossoyeurs de l’autonome flamande à laquelle ils se cramponnaient tant. Une seule conclusion s’impose : cette région ne fonctionne plus. Face à un gouvernement flamand incapable de mener à bien le moindre chantier, une réforme de l’État est inévitable. Le moment venu, les partis flamands continueront de plier face au pouvoir, pour conserver leurs petits postes, mais il leur faudra désormais accepter que l’évolution vers une Belgique unitaire est devenue inéluctable. »
Vous trouvez cette lecture de la crise que traverse le gouvernement flamand excessive, peut-être même grotesque, voire hystérique? Je ne peux que vous donner raison. Aucun responsable politique ou commentateur n’a en effet livré une telle analyse — à juste titre. Pourtant, elle vous semble familière n’est-ce pas ?
Et pour cause : dans les deux premiers paragraphes de cet article, remplacez « Flandre » par « Belgique », « Jambon » par « De Croo » et « unitaire » par « confédérale ». La démonstration n’en reste pas moins aussi emphatique que simpliste, mais l’écho qu’elle trouve dans les médias est bien plus retentissant.
De fait, je me suis inspiré, pour rédiger cette analyse fictive des déboires du gouvernement flamand, de déclarations récentes d’un certain nombre de faiseurs d’opinion et de responsables politiques (issus de partis non radicaux) — mais au sujet du niveau fédéral.
Cet exercice permet de mettre en exergue le ton et le vocabulaire employés, très différents selon que l’on vise le gouvernement régional ou national. Ainsi, si les désaccords au sein de l’exécutif flamand sont le plus souvent assimilés à un accident de parcours, les dissensions au sein de l’équipe fédérale sont invariablement interprétées comme une crise existentielle annonçant l’effondrement définitif du pays.
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