Matthew Kacsmaryk, juge fédéral nommé dans le district nord du Texas par Donald Trump, suscite tout sauf l’indifférence. Lors de son audition de confirmation dans ses fonctions au Sénat de Washington en 2019, tous les sénateurs démocrates se sont opposés à sa nomination, et Chuck Schumer (alors leader de l’opposition) l’avait déclaré “étroit d’esprit” et “réactionnaire”.
(…) Dans peu de temps, Matthew Kacsmaryk doit rendre une décision de justice aux conséquences considérables, l’une des plus cruciales de sa carrière, susceptible de bouleverser la vie de millions de femmes aux États-Unis.
L’affaire, qui oppose l’Alliance for Hippocratic Medicine, une organisation antiavortement, à l’Agence américaine de l’alimentation et du médicament (FDA), ouvre un nouveau front dans la guerre contre l’interruption volontaire de grossesse (IVG) aux États-Unis. Un groupe de conservateurs chrétiens motivés par des considérations idéologiques demande en effet au juge Kacsmaryk de délivrer une injonction nationale qui, concrètement, interdirait la pilule abortive en invalidant l’homologation émise par la FDA de l’un de ses grands principes actifs, la mifépristone.
Si le juge nommé par Trump se range du côté des plaignants, comme s’y attendent de nombreux spécialistes des droits reproductifs, l’interdiction de la pilule abortive s’appliquera à tout le territoire américain. Contrairement à l’arrêt Dobbs vs Jackson rendu par la Cour suprême en juin 2022, qui a éviscéré le droit constitutionnel à l’avortement et renvoyé la réglementation sur l’IVG à la responsabilité de chaque État, une injonction du juge Kacsmaryk rendrait illégale les avortements médicamenteux sur tout le territoire des États-Unis.
Les enjeux sont considérables, sachant que la pilule abortive représente aujourd’hui plus de la moitié des interruptions de grossesse dans ce pays.
La suite ici : États-Unis. Ce juge ultraconservateur du Texas qui tient le destin de la pilule abortive entre ses mains