Discours de Poutine : la politique intérieure de l’agresseur 

Devant une assemblée réunie au Gostinyj Dvor de Moscou, applaudissant et se levant à l’unisson comme un bataillon bien ordonné, le président de la Fédération de Russie a prononcé le mardi 21 février, près d’un an après le début de l’agression de l’Ukraine, une importante allocution annonçant les lignes directrices de sa stratégie militaire, politique, économie et sociale à venir.

Les prémisses de son raisonnement sont désormais bien connues, tant Vladimir Poutine les répète à l’envi depuis de longs mois  : l’Occident mènerait sur tous les fronts une lutte historique pour détruire la Russie éternelle, désagréger son territoire et éradiquer ses valeurs, avec le soutien souterrain des « nationaux-traîtres » qui nuiraient de l’intérieur même du pays à l’intégrité de la civilisation et de la puissance russes. Ces ennemis aux divers visages s’appuieraient dans leur travail de sape systématique sur l’Ukraine, une « anti-Russie » dirigée par un régime de « néo-nazis », dont les manigances auraient menacé jusqu’à l’existence de la Grande Russie, justifiant le lancement de « l’opération militaire spéciale » de février 2022.

Le président russe a également présenté les orientations d’une politique économique nationale qui prend toujours plus le visage d’une économie de guerre. Si le scénario originel d’une blitzkrieg qui aurait abouti à la prise de Kiev ne s’est pas réalisé, Vladimir Poutine a de bonnes raisons de croire à la possibilité de mener à bien son « plan B »  : une guerre longue, soutenue par une mobilisation totale des capacités humaines et industrielles russes.

(…)Ces longs développements agrémentés de saillies en direction de l’Occident constituaient surtout pour Vladimir Poutine un prologue à son annonce-phare  : la suspension de la participation de la Russie au traité New Start de réduction des armes stratégiques nucléaires, signé avec les États-Unis à Prague en 2010, que sa dernière révision avait étendu jusqu’en 2026. La Russie se réserve donc par cette décision la possibilité de pratiquer de nouveaux essais nucléaires si jamais les États-Unis eux-mêmes y procédaient. Le président russe ne fait donc que prolonger sa stratégie de chantage nucléaire en prenant soin d’ajouter qu’il ne souhaitait pas sortir du traité.

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