En Turquie, un séisme politique peut-il succéder au tremblement de terre?

La Turquie compte ses morts et ses disparus dans le plus dévastateur tremblement de terre –en fait deux séismes, de 7,8 puis 7,5, successifs à neuf heures d’écart touchant dix provinces du sud du pays– qu’elle ait connu depuis un siècle.

Sans attendre, de nombreuses voix de l’opposition, et tout particulièrement le chef du Parti républicain du peuple (CHP) ainsi que, de prison, l’ancien coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP, gauche, autonomiste kurde), ont fait porter la responsabilité de cette tragédie au président Erdoğan. Au pouvoir depuis 2003, il aurait, selon eux, couvert une politique d’urbanisation tous azimuts et dangereuse lorsqu’elle s’affranchissait des normes anti-sismiques pourtant énoncées par une loi votée en 2007. Ainsi, une vidéo datant de 2019 le montre se félicitant de l’amnistie accordée, dans le cadre de la campagne électorale, à près de 150.000 habitants de Kahramanmaraş dont les habitations ne répondaient pas à ces normes.

À quatre mois des élections législatives et présidentielle du 18 juin 2023, la position de Recep Tayyip Erdoğan est bien moins assurée qu’elle ne l’était avant le 6 février. À l’époque déjà, les sondages le donnait perdant face à ses principaux rivaux. Mais il avait pu remonter de quelques points grâce à une série de mesures sociales (hausse du revenu minimum, baisse de l’âge de la retraite, promesse de construction de logements sociaux) censées atténuer les effets d’une inflation persistante, aux alentours de 65%.

Un séisme politique pourrait-il succéder à ce tremblement de terred’ampleur et faire vaciller celui qui voulait célébrer en cette année 2023, cent après la fondation de la république laïque, la puissance d’une «nouvelle Turquie» nationaliste et leader du monde musulman, souveraine et économiquement développée autant qu’influente sur la scène internationale?

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