Si le plan de paix qu’elle entend présenter en fin de semaine ouvrait réellement une perspective de règlement en Ukraine, la Chine éviterait un ralentissement brutal des échanges internationaux dont son économie et sa stabilité politique pâtiraient gravement. Pour elle, l’enjeu est vital mais ce n’est pas tout.
Si elle réussissait à faire taire les armes en Europe, la Chine se hisserait du même coup au rang de puissance essentielle, non plus seulement économique et militaire mais également politique. Son poids international en serait si considérablement renforcé que c’est dès le premier quart de ce siècle qu’elle se placerait au même rang que les Etats-Unis en devenant l’autre des deux superpuissances.
C’est dire que le chef de sa diplomatie, Wang Yi, a ouvert une vraie partie en se rendant, la semaine dernière, à Paris puis à la Conférence de Munich avant d’aller cette semaine à Moscou mais de quelles cartes la Chine dispose-t-elle ?
Elle ne pourra rien imposer à personne et certainement pas du jour au lendemain. Il est même bien possible qu’elle commence par échouer. Il n’est pas même impossible qu’elle décide alors d’approfondir son rapprochement avec le Kremlin mais, outre que ce ne serait pas son intérêt, la Chine a deux atouts maîtres.
Le premier est de pouvoir exercer une pression décisive sur Vladimir Poutine. Non seulement elle peut le menacer d’en faire un homme seul sur la scène internationale en en venant à condamner l’agression commise contre l’Ukraine mais elle peut aussi causer de graves dommages à l’économie russe en n’achetant plus le pétrole que l’Europe a mis sous embargo. Le président russe ne peut, autrement dit, pas ignorer le seul allié qu’il ait au Conseil de sécurité des Nations-Unies et le peut d’autant moins que le plan de paix chinois dont les grandes lignes ont opportunément fuité le week-end dernier est digne d’intérêt pour toutes les parties.
La suite ici : Billard chinois – Le site de Bernard Guetta