« Qatargate », « Marocgate »… L’onde de choc du scandale de corruption qui affecte le Parlement européen ne cesse de produire ses effets. Après la vice-présidente de l’institution censée représenter les citoyens européens, l’enquête a déjà abouti à l’inculpation d’une série d’eurodéputés. Toutefois, c’est sur le plan politique que le coût de cette affaire politico-financière risque d’être le plus lourd. Confrontés à la défiance d’une frange non négligeable des Européens, les membres des institutions de l’UE se doivent d’afficher un comportement exemplaire. Il en va de la confiance politique dans le projet européen, et donc de la légitimité et de l’efficacité de l’UE, puissance normative et symbolique.
Les membres des institutions de l’Union n’échappent pas à la demande générale de « moralisation » de la vie politique. Le sens de l’intérêt général ne se présume plus : il se (dé) montre. Au sein d’une Union qui se conçoit comme un espace démocratique et une « Union de droit », l’exigence d’exemplarité est commandée à la fois par la confiance des citoyens et les principes juridiques d’indépendance et de transparence.
Lorsque la confiance est accordée à un gouvernant dont le pouvoir et la légitimité reposent sur le consentement des gouvernés, il doit montrer qu’il en est digne. Ce lien de confiance est de nature politique et éthique, et sa rupture sape la légitimité du système représentatif : faire confiance, c’est donner son consentement. Depuis la fin des années 1990, les institutions de l’Union ont certes commencé à mettre en place des règles de gestion, de contrôle et de surveillance. Mais cette « déontologisation » des responsables procède d’abord de l’initiative, de la volonté, du pouvoir (d’auto-organisation) de chaque institution.
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