L’être humain est devenu un concentré de produits toxiques

« Surtout ne me mangez pas, je suis toxique!» Non, il n’est pas question ici d’anthropophagie. Ce conseil, formulé par le Pr Philippe Grandjean, spécialiste de la santé environnementale à l’Université du Danemark du Sud et à Harvard, s’adresse… aux grands requins. Et c’est bien entendu un clin d’œil. « Chaque année, on déplore une centaine d’attaques de ces squales sur des baigneurs, au large de l’Australie ou de la Floride », rappelle le médecin. « En les alertant de notre toxicité, nous leur rendons service. Et nous aidons par la même occasion à leur conservation, en leur évitant de s’empoisonner », sourit-il.

Le scientifique, qui a consacré toute sa carrière à la médecine, la neurologie et la santé environnementales au Danemark et aux États-Unis, pointe une réalité sinistre qui nous concerne tous. « Au fil des siècles, l’être humain est devenu une sorte de concentré de produits toxiques », expliquait-il à l’École de Santé publique de l’ULB, où il est titulaire de la Chaire Collen-Francqui. Avec son millier d’étudiants, l’École de santé publique de l’Université libre de Bruxelles fête cette année son 60e anniversaire.

« Lors de ma thèse de doctorat, j’ai comparé la composition d’ossements humains préhistoriques conservés dans les musées de Copenhague avec celle d’échantillons osseux provenant de corps légués récemment à la science. Là où aucun contaminant chimique ne pouvait être détecté dans les ossements anciens, les taux explosaient dans les restes humains actuels, tout simplement parce que nous les accumulons ». Et le scientifique de pointer certains de ces contaminants: le plomb, le méthylmercure, les composés organofluorés.

(…) Les recherches du Pr Grandjean comprennent aussi des études sur la neurotoxicité, le développement général, la toxicologie, la validation de biomarqueurs, la cancérogénicité et la perturbation endocrinienne aussi bien chez les enfants dont ceux dont les mères ont été exposées à des substances chimiques pendant la grossesse, que chez des adultes.

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