La rente pétrolière n’a jamais été aussi lucrative. Les multinationales du secteur viennent de publier tour à tour des résultats historiques. Elles ont accumulé sur l’exercice 2022 plus de 200 milliards d’euros de profits en surfant sur la crise énergétique. Un chiffre indécent lorsqu’il est mis en regard avec les difficultés qu’éprouvent les ménages et les entreprises face à l’inflation.
La légitimité à accumuler de telles sommes est d’autant plus questionnée que ces dernières ne sont pas le résultat d’une stratégie ou d’une habileté particulière. Ces bénéfices astronomiques sont principalement la conséquence directe de l’envolée des cours mondiaux de l’or noir.
Ceux-ci ne vont pas refluer à court terme. La Russie a annoncé, vendredi 10 février, la réduction de 5 % de sa production de pétrole en réponse aux sanctions occidentales. Cette décision couplée à la réouverture de l’économie chinoise, après l’abandon de la politique sanitaire zéro Covid, et aux perspectives mondiales de croissance moins sombres que prévu sont autant de facteurs qui vont maintenir le prix du baril à des niveaux élevés et continuer à alimenter la rente dont bénéficient les compagnies pétrolières.
Mais ce n’est pas tant le montant des profits qui pose question que la façon dont ils sont utilisés. Les appels à taxer l’effet d’aubaine ont été entendus, même si les contributions exceptionnelles sur les superprofits décidées au niveau de l’Union européenne ne sont sans doute pas suffisantes. La politique de rémunération des actionnaires, en particulier le mécanisme des rachats d’actions, est bien plus problématique. Il s’agit pour une entreprise de racheter ses propres titres sur le marché pour ensuite les annuler.
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