Face à une catastrophe de l’ampleur des séismes qui se sont produits en Turquie et en Syrie, on imagine un monde mobilisé pour apporter les secours aux victimes, et toutes les barrières disparaître. C’est hélas, une illusion dans une zone aussi complexe et meurtrie.
Le monde entier propose de l’aide, et des dizaines d’équipes de sauveteurs convergent vers la zone sinistrée dans une course contre la montre pour sauver des vies. Mais les conflits, les haines et les intérêts divergents n’ont pas disparu par enchantement.
Certaines victimes ont droit à la double peine. C’est le cas des 4,5 millions d’habitants de la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, directement frappée par le séisme. On y compte au moins 900 morts, des milliers de blessés, d’innombrables sans abris dans la rigueur de l’hiver.
Mais les habitants d’Idlib, dont les deux tiers sont des déplacés des autres régions de Syrie, vivent dans une zone qui échappe encore au contrôle du régime de Bachar el-Assad, et ils dépendent à 90% de l’aide internationale … qui n’arrive plus.
Pour faire pression sur ces millions de personnes, le gouvernement syrien et son allié russe ont progressivement restreint la possibilité de leur faire parvenir l’aide humanitaire. Il y avait autrefois quatre points de passage entre la Turquie et cette région de Syrie ; il n’en reste plus qu’un, Bab al-Hawa.