Réservé aux sionistes : l’erreur fondamentale du mouvement de protestation en Israël

Théoriquement, c’est une très bonne nouvelle. Parmi les pires maladies qui affectent la société israélienne ces dernières années figure l’indifférence du public à l’égard de tout ce qui n’est pas d’ordre strictement privé, ce à quoi s’ajoutent un déni, un refoulement et un aveuglement aux proportions massives.

Ainsi, la place principale de Tel Aviv est redevenue bondée. En 1982, ces mêmes rues avaient vu affluer environ 400 000 Israéliens venus protester contre le massacre de Palestiniens dans le quartier de Sabra et le camp de réfugiés de Chatilaau Liban – un massacre commis sous la supervision d’Israël. Le calme a régné dans ces rues dans les décennies qui ont suivi.

Après le mouvement de protestation de 1982, qui était à l’époque le plus important de toute l’histoire d’Israël, le pays a semblé entrer en hibernation. Il s’est réveillé en 2011 pendant quelques semaines, lorsque des protestations sociales contre le coût de la vie ont éclaté – mais cette éruption s’est rapidement calmée et n’a laissé presque aucune trace.

Au cours des années suivantes, les attaques répétées d’Israël contre Gaza, qui ont coûté la vie à des milliers d’habitants dont des centaines d’enfants, la poursuite de l’occupation et même la hausse vertigineuse du coût de la vie n’ont pas suscité de véritables protestations. Les Israéliens ont généralement semblé ignorer les grands tabous, au premier rang desquels celui de l’occupation, comme si les ignorer pouvait les faire disparaître.

Tout cela a changé au lendemain des dernières élections nationales, lorsqu’il est apparu clairement que Benyamin Netanyahouallait non seulement revenir au poste de Premier ministre, mais aussi prendre la tête d’un gouvernement radical dans lequel il représenterait l’aile gauche libérale.

Des figures du camp des colons d’extrême droite, encore marginales à la veille du scrutin, ont été nommées à des postes ministériels clés, tandis que certains grand noms du Likoud nommés ministres proviennent de l’aile droite radicale de leur parti. Cette nouvelle réalité terrifiante, accompagnée d’une campagne médiatique d’intimidation, a été un coup de tonnerre pour le camp de centre-gauche, jusque-là indifférent, qui s’est finalement réveillé pour passer à l’action civique.

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