Il y a un air de déjà-vu dans la montée de tension, puis les décisions allemande et américaine, annoncées hier, de livrer des chars lourds à l’Ukraine. Depuis le début de l’invasion russe, il y a onze mois, chaque étape de l’escalade dans le type d’armement fourni à l’armée de Kiev a donné lieu aux mêmes hésitations, à des contradictions publiques, puis à la décision sous pression. Et ce n’est certainement pas la dernière fois.
Ce fut le cas au début du conflit pour le transfert de matériel de l’époque soviétique détenu par les armées d’Europe centrale et orientale ; puis pour l’artillerie longue portée, ou encore les lance-missiles, ou les batteries anti-aériennes Patriot. A chaque fois, une double hésitation : la peur de provoquer Moscou et donc de se trouver engagé dans un conflit plus large ; et des questions opérationnelles. Il faut y ajouter, sur les chars Léopard 2, le contexte politique allemand et l’indécision du Chancelier Scholz.
Mais à chaque étape, l’argument de la réaction russe a été vite balayé ; même quand Vladimir Poutine déclare qu’il ne « bluffe » pas, ou quand Dimitri Medvedev, l’ancien président, affirme que des livraisons de Patriot transformeraient les Occidentaux en « cibles légitimes ». Rien de tout ça ne s’est produit.
L’argument qui l’emporte à chaque fois, c’est l’évolution du conflit sur le terrain, passée d’une phase défensive à offensive, puis à une ligne de front relativement stable sur près de 1000 Km. Et désormais, l’anticipation d’offensives majeures, dans les prochains mois, pour tenter, de part et d’autre, de reprendre l’avantage.
La Russie a mobilisé 300 000 conscrits, peut-être plus dans un proche avenir, et mise sur son rouleau compresseur pour s’imposer. L’Ukraine, elle, dépend largement de la supériorité de son armement, ou plutôt de celui que lui livrent les Occidentaux, plus sophistiqué que celui des Russes. C’est une véritable course contre la montre avant le printemps et le dégel.
La suite ici : Pourquoi l’escalade va continuer dans les livraisons d’armes à l’Ukraine