Démographie : nier ses fragilités n’aidera pas la Chine

La supériorité du système politique chinois, selon ses dirigeants et ses thuriféraires, serait d’être davantage à même de penser le long terme que les démocraties. Un domaine essentiel semble pourtant faire exception, voire démontrer le contraire : la démographie. Alors que les autorités chinoises viennent de reconnaître que le pays le plus peuplé du monde a commencé en 2022 à voir sa population décroître, une première depuis soixante et un ans, elles minimisent le phénomène en feignant de croire que celui-ci est lié au Covid-19. Il n’y aurait donc pas à s’inquiéter.

Or tout indique l’inverse. La fin de la politique de l’enfant unique n’a donné lieu à aucun baby-boom, bien au contraire. Le taux de fécondité diminue chaque année et est même plus faible qu’il ne l’était durant les trente-cinq années (1979-2015) qu’a duré cette mesure. Résultat : selon l’ONU, la Chine pourrait perdre environ la moitié de sa population d’ici à la fin du siècle.

La Chine n’est en rien une exception. Elle suit la même trajectoire que le Japon, la Corée du Sud et Taïwan. Mais, à la différence de ces pays, le sujet ne fait en Chine l’objet d’aucun débat public. Il est même largement nié par les autorités. C’est que le déclin démographique constitue un défi majeur pour Xi Jinping. Celui-ci affirmait lors du 19e congrès du Parti communiste chinois en 2017 que « l’Est, l’Ouest, le Sud, le Nord, le centre, le parti dirige tout ». La baisse de la fécondité prouve qu’il n’en est rien. On peut d’ailleurs s’en féliciter. De plus, même si celle-ci n’est pas uniquement due à la nature politique du régime, puisque des démocraties y sont également confrontées, elle rend le « rêve chinois » encore plus inaccessible.

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