D’habitude, les articles des revues médicales portent sur des faits scientifiques: ils présentent des données à la connaissance de leurs lecteurs, qui peuvent les utiliser pour soigner leurs patients en se fondant sur des faits démontrés par la science. Mais parfois, ces faits sont des manifestations de chagrin, voire des cris de rage. Un article scientifique paru récemment, intitulé «Morbidité maternelle et conséquences fœtales chez des femmes enceintes à vingt-deux semaines de gestation ou moins avec complications dans deux hôpitaux du Texas après le vote de la loi sur l’avortement», en est l’illustration.
Un certain nombre de complications peuvent menacer une grossesse, comme la rupture de la poche des eaux, un travail prématuré ou des saignements importants. Lorsqu’elles surviennent avant vingt-deux semaines (c’est-à-dire avant l’âge de viabilité du fœtus hors de l’utérus), la norme en matière de soins médicaux consiste à proposer une interruption volontaire de grossesse (IVG) à la patiente. Celles qui ne font pas ce choix prennent de graves risques pour leur santé, et comme la gestation n’est pas très avancée, la probabilité d’accoucher d’un bébé en bonne santé est très, très basse.
En septembre 2021, le Texas a adopté deux mesures (SB.4 et SB.8), qui prévoient des sanctions contre quiconque pratique un avortement. Ces lois sont entrées en vigueur avant que la Cour suprême ne décide de révoquer l’arrêt Roe v. Wade, protégeant le droit à l’avortement dans tout le pays. Du jour au lendemain, il est devenu impossible, au Texas, de mettre fin à une grossesse à moins de «danger immédiat pour la vie de la mère».
L’article, publié dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology, décrit les expériences vécues dans deux grands hôpitaux texans pendant les huit mois qui ont suivi la mise en œuvre de cette loi. Ses auteurs, qui suivent des patientes dans ces établissements, racontent comment leurs équipes se sont occupées de vingt-huit femmes qui se sont présentées atteintes de graves complications à moins de vingt-deux semaines de grossesse, après l’interdiction de l’avortement.
La suite ici : Les conséquences concrètes de l’interdiction de l’avortement au Texas