« Pourquoi j’ai toujours refusé d’interviewer en direct un membre du Vlaams Blok »

Pourquoi donc sous-estime-t-on systématiquement le danger que représente une prise de pouvoir par l’extrême droite ? En 2019, après les élections, l’administrateur délégué du VOKA (réseau flamand d’entreprises), Hans Maertens, affirmait qu’il devrait être possible de former une coalition englobant le Vlaams Belang, arguant que le programme d’un gouvernement est plus important que les personnalités qui le composent. Aussitôt dit, aussitôt fait : le président de la N-VA, Bart De Wever, négocia alors avec le Vlaams Belang pendant deux mois au sujet de la formation du gouvernement flamand.

Les prochaines élections n’auront lieu que l’année prochaine, mais voilà déjà des mois que les spéculations vont bon train sur une éventuelle coalition entre la N-VA et le Vlaams Belang. Ce qui est le plus inquiétant, dans toutes ces tentatives d’enterrer le cordon sanitaire, c’est que l’on refuse obstinément de tirer les enseignements de l’histoire.

On refuse, encore et toujours, d’observer les similitudes et les parallèles entre la situation actuelle et les années 1930. Toute reductio ad Hitlerum est accueillie par un haussement d’épaules, quand ce n’est pas carrément par du mépris. Certaines personnes vont même plus loin, qualifiant d’excessives ou d’anachroniques les analogies entre cette époque et la nôtre que Dirk Verhofstadt expose avec une rigueur scientifique irréfutable dans son ouvrage intitulé Journal de 1933 : le péril de l’extrême droite (Dagboek 1933, het gevaar van extreemrechts, non traduit). Ce fut pourtant Primo Levi, rescapé du camp d’Auschwitz, qui écrivit : « C’est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau. » Le fait que Dirk Verhofstadt ait placé cette citation en exergue de son livre ne doit rien au hasard.

Certes, l’histoire ne se répète jamais de la même façon. On n’entend pas, de nos jours, le bruit des bottes des SS et des SA résonner dans les rues. C’est d’ailleurs presque devenu un cliché : les fascistes actuels s’affichent en costume-cravate. Mais les similarités que relève Verhofstadt n’en sont pas moins stupéfiantes. Et les erreurs qui ont conduit Hitler au pouvoir sont bel et bien répétées.

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