Le missile russe qui a frappé samedi après-midi un immeuble d’habitation à Dnipro, dans l’est de l’Ukraine, a fait au moins 35 morts civils, un bilan qui ne cesse de monter avec la découverte de corps sous les décombres. C’est clairement un crime de guerre puisqu’il n’y avait aucune cible légitime dans ce quartier.
Mais c’est aussi un bombardement révélateur de ce qui se passe du côté russe : le missile utilisé a pour nom de code KH-22, c’est un missile de croisière conçu pour couler un porte-avions, c’est-à-dire la plus grosse structure qui soit. Cette arme de précision, tirée par un avion à des centaines de kilomètres de distance, n’a en principe rien à faire sur cette cible-là.
Cette disproportion entre le type d’arme et la cible peut être révélatrice d’une pénurie de missiles côté russe, après des semaines de tirs contre les villes ukrainiennes. Puiser ainsi dans les stocks stratégiques russes -car le KH-22 peut être équipé de charges nucléaires-, ne se justifie d’aucune autre manière. Les usines d’armement russes tournent à plein régime, mais ne changent pas la donne pour le moment.
C’est aussi l’un des signes d’une escalade qui se poursuit, implacablement, étape après étape, dans une guerre dont on sait, hélas, qu’elle est impossible à stopper à ce stade.
Les uns après les autres, les tabous volent en éclat dans le type d’armement fourni par les Occidentaux à l’armée ukrainienne. Ce weekend, les Britanniques ont annoncé qu’ils allaient envoyer en Ukraine des chars Challenger-2, le blindé occidental le plus lourd livré jusqu’ici.
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