Qatargate: vers un carnage électoral pour les institutions européennes? 

D’un côté, il y a malgré tout quelques raisons de se réjouir. L’exposition d’une réalité cruelle montre au moins que certains contre-pouvoirs fonctionnent encore. Par ailleurs, toute l’enquête constitue un hommage à la justice et à la police belges. Celles-ci n’ont pas toujours été brillantes cette décennie. Or, il s’agissait d‘une enquête difficile à mener, le Qatargate, comportant des ramifications tant avec les forces d’autres Etats qu’avec le Parlement européen.

De l’autre côté, cependant, l’enquête révèle l’incroyable niveau de corruption atteint par le Parlement. En effet, l’affaire Kaili constitue, on va le voir, contrairement au discours officiel, la petite pointe émergente d’un énorme iceberg.

Au départ apparaît l’incroyable complaisance entre anciens et actuels parlementaires. De façon régulière, les sortants créent des structures aux finalités floues qui servent surtout à valoriser leur carnet d’adresses au profit de riches sponsors. Comme le rappelait Mediapart, ce n’est pas une pratique neuve. Ainsi, encore en mandat, le député socialiste/macronien Gilles Pargneaux avait établi en 2018 une fondation méditerranéenne… sérieusement inféodée au Maroc. Ces fondations/ONG/asbl servent à la fois à entretenir des réseaux et recevoir de l’argent.

Ainsi, Pier Antonio Panzeri a créé en fin de mandat en 2019 « Fight impunity », une asbl internationale. Il y associa de suite diverses personnalités : Bernard Cazeneuve (ancien premier ministre français), Federica Mogherini (ancienne commissaire aux relations extérieures), Dimitris Avramopulos (ancien commissaire aux migrations). Comme narré par Politico, l’association a toujours violé plusieurs règles élémentaires. Ses comptes n’ont jamais été présentés. Elle n’a jamais été inscrite au registre des lobbyistes. Ses rapports étaient seulement des productions reconfigurées d’autres instituts. Enfin, 60.000 euros (d’argent public, car on suppose que Panzeri ne les a pas financés lui-même) ont été donnés à Avramapoulos, sans qu’aucune justification ait été mentionnée jusqu’ici.

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