Envoyer l’armée à la place de la police, ça a deux conséquences sur le terrain. La première est symbolique ou psychologique. C’est une démonstration de force. Le citoyen voit du Kaki ce qui est supposé augmenter le sentiment de sécurité. La deuxième, très concrète, c’est qu’un militaire coûte moins cher qu’un policier. Affecté à des missions de patrouille, cela permet de soulager la tension dans les effectifs. Après les attentats de Bruxelles, les bourgmestres de différentes communes de la capitale l’avaient déjà souligné.
Mais l’envoi de l’armée est surtout un coup politique. L’armée est censée donner l’impression que le pouvoir est fort, qu’il n’est pas laxiste, qu’il veut de l’ordre. Après les attentats c’était déjà la N-VA qui, au sein du gouvernement Michel, avait réclamé et obtenu la présence de l’armée dans les rues. On retrouve assez logiquement aujourd’hui la N-VA et le MR défendre cette mesure.
Les patrouilles de l’armée peuvent-elles changer la donne à Anvers ? J’ai posé la question hier à plusieurs magistrats et autres policiers. Franchement personne n’y croit. D’abord l’armée viendrait avec quel mandat ? Fouiller les night shops ? Patrouiller devant les maisons des trafiquants ? Courser les dealers ?
Mais surtout, ce qui est revenu dans ces échanges c’est que la lutte contre la drogue à Anvers n’est pas une question de gros bras, de fusils d’assaut et de voitures renforcées. C’est d’abord un travail de fond aux multiples facettes : la prévention de la consommation, le contrôle des marchandises et puis surtout le nerf de la guerre, l’argent moteur d’une corruption et d’une criminalité financière qu’il faut impérativement traquer avec résolution.
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