Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, les technologies de surveillance de masse n’ont cessé de se développer. Au nom de la lutte contre le terrorisme, de nombreux pays ont mis en place des outils pour capter massivement des données sur leur population. Dans les pays autoritaires, il s’agit surtout de réprimer les opposants. Dans les démocraties, les autorités sont aussi tentées par ce qu’elles qualifient volontiers de « solutions techniques ».
Parfois, ces technologies de surveillance peuvent être achetés par des groupes criminels, met en garde Guilhem Giraud, ancien ingénieur de la Direction de la surveillance du territoire (DST), qui raconte l’envers du décor des systèmes de surveillance de masse. Ce spécialiste des écoutesalerte aussi sur les capacités de nos smartphones et des Gafam à prendre en main nos données privées.
Que signifie au juste le terme de « surveillance de masse » ?
En fait, je définis la surveillance de masse par sa négative : une surveillance est « de masse » quand elle n’est pas ciblée. Le travail des forces de sécurité est de collecter des informations sur des gens intéressants. Mais dès que l’on cherche des informations sur tout le monde en espérant en obtenir indirectement sur des gens intéressants, cela devient de la surveillance de masse.
Le phénomène s’est propagé dans le monde entier après les attentats du 11 septembre 2001. Les États-Unis ont alors décidé que l’ennemi pouvait être partout. Donc, que tout le monde pouvait être surveillé afin de procurer des informations aux forces de sécurité.
Toute la population devient suspecte…
Exactement. Ce qui pose la question de l’efficacité de la surveillance de masse : comment gérer une telle quantité d’informations ? Pour moi, son efficacité est proche de zéro. J’ai vu arriver cette évolution quand j’ai commencé ma carrière à la DST, le service de renseignement intérieur [devenue Direction générale de la sécurité intérieure depuis, ndlr], quand j’y ai fait mon service militaire, en 1997-1998. À l’époque, la surveillance était un travail de policier. Il s’agissait de collecter des informations sur des personnes qui intéressaient la sécurité de l’État.
La suite ici : Guilhem Giraud : « Grâce à l’intelligence artificielle, la surveillance de masse n’a pas de limite ! »