Tout se passe comme si la France éliminée, la Belgique avait réussi son tournoi. Il y a peu de pays dans lesquels la défaite d’un adversaire est ainsi fêtée. D’ailleurs on ne peut pas dire que c’est le pays qui fête la défaite de la France, puisqu’il n’y a pas eu un seul coup de klaxon en Flandre à ma connaissance. Pourtant c’est bien la Flandre qui a choisi la bataille des Éperons d’or, une victoire des comtes de Flandre contre le Roi de France, comme fête nationale. Pourtant nous avons bien vécu la même défaite en coupe du monde en 2018.
Mais en réalité, non nous n’avons pas vécu la même défaite que les Flamands. Pour nous Belges francophones, elle avait une dimension supplémentaire, plus profonde, plus viscérale, qui explose aujourd’hui.
L’explication la plus simple, la plus simpliste, la plus répandue aussi c’est que les Français sont chauvins. Alors que nous, forcément, on ne le serait pas. C’est le premier paradoxe. Parce que cette attitude est en soi chauvine au sens où elle révèle un entre-soi un brin arrogant. Car tout chauvinisme est un aveuglement, un aveuglement de son propre sentiment de supériorité. C’est du même tonneau que les supporters du Standard qui trouvent les Bruxellois d’Anderlecht arrogants, alors que les supporters d’Anderlecht trouvent que les supporters du Standard sont arrogants.
C’est bien de cela qu’il s’agit, le temps du Belge francophone supporter modeste et humble est révolu. Depuis que l’équipe nationale tient le haut du pavé, nous sommes nous aussi devenus chauvins, avec ce comble du chauvinisme, fêter la défaite d’un rival. Car si nous n’étions pas du tout chauvins, eh bien on s’en foutrait pas mal de la défaite de la France.
La Rochefoucauld disait « L’orgueil se dédommage toujours et ne perd rien lors même qu’il renonce à la vanité. »Nous avons renoncé à la vanité, mais certainement pas à l’orgueil.
La suite ici : France-Belgique : qui ‘seum’ le vent récolte le chauvinisme