L’idée consiste à taxer les émissions de CO2 liées aux importations sur le thème « ceux qui produisent sale doivent payer ». La Commission, les Etats membres et le Parlement ont trouvé un accord le 13 décembre pour renchérir le coût de l’acier, du ciment, des engrais, de l’aluminium, de l’hydrogène et de l’électricité entrant dans l’Union européenne(UE). Il s’agit de limiter le dumping écologique et le transfert de productions fortement émettrices de gaz à effet de serre vers des pays ayant des politiques climatiques peu ambitieuses.
Des ambitions, l’Europe n’en manque pas. L’UE veut corriger une concurrence déloyale, tout en encourageant le reste du monde à accroître ses objectifs climatiques. En théorie, la taxe carbone aux frontières doit inciter à la fois à décarboner l’économie, à améliorer la compétitivité des produits européens sans nuire à ses opportunités commerciales. Vaste programme ! Les Vingt-Sept doivent désormais démontrer qu’ils sont capables de surmonter ce redoutable trilemme.
Les effets de bord risquent néanmoins d’être nombreux. Car, à ce stade, le mécanisme ne concerne que les produits bruts, pas les biens transformés. Pour faire simple : la tonne d’acier chinoise serait taxée, mais pas la voiture importée qui est pourtant fabriquée avec. Pour l’industrie européenne, le dispositif pourrait donc se traduire par une double peine en augmentant ses coûts de production, ce qui plomberait ses capacités d’exportation, tout en laissant entrer sur le marché européen des produits transformés potentiellement moins chers parce que continuant à bénéficier de normes environnementales moins exigeantes.
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