Mouvement de contestations en Iran : une nouvelle séquence de l’histoire de la République islamique

Quatre cycles de mobilisations ont ponctué la vie politique en Iran au cours des dernières années : révolte étudiante de 1999 ; mouvement Vert de contestation pendant et surtout après les élections présidentielles de juin 2009 ; rassemblements de colère de décembre 2017-janvier 2018, puis du printemps et de l’automne 2019 qui avaient des causes principalement économiques et sociales ; enfin, celui qui traverse l’Iran désormais.

Toutes les régions, de l’Iran central aux zones périphériques – Kurdistan et Baloutchistan tout particulièrement –, et la plupart des catégories sociales sont concernées et connaissent de fortes mobilisations, la contestation se déclinant désormais à l’échelle nationale. Ensuite, principalement initié par des femmes et concentré sur la question du port de voile, le mouvement a aussi rapidement mobilisé les hommes et a élargi ses revendications puisque des slogans contre le régime, contre les mollahs et contre le guide suprême, Ali Khamenei, sont désormais régulièrement scandés. Bien qu’il soit difficile de mesurer l’ampleur du phénomène, on peut par exemple visionner des vidéos dans lesquelles des clercs sont conspués, voire pris à partie dans les rues.

Le mouvement qui traverse le pays aujourd’hui est d’une nature différente que les précédents. Comme de coutume avec les régimes autoritaires, la responsabilité de la situation est attribuée, selon le gouvernement, à un complot ourdi par des puissances étrangères. La réalité est beaucoup plus prosaïque. Les femmes qui retirent leur voile publiquement, et pour certaines d’entre elles coupent leurs cheveux, témoignent d’une hostilité absolue au régime qui dirige le pays depuis 43 ans. Elles manifestent cette opposition radicale entre les aspirations émancipatrices d’une partie de la société et les différentes composantes du pouvoir arc-bouté sur ses privilèges et ses prérogatives qui se refuse à quelque réforme que ce soit.

Le mot d’ordre unificateur initial « Femme, vie, liberté » exprime on ne peut plus clairement la volonté de fractions significatives de la population de vivre selon des normes librement choisies, et non plus imposées, le refus d’un ordre moral régressif et réactionnaire et donc l’incompatibilité de ces aspirations avec le conservatisme le plus obtus des conservateurs au pouvoir qui, notamment depuis les élections législatives de 2020 et présidentielle de 2021, dominent la vie politique et les institutions iraniennes. En un mot, une partie de la société revendique l’autonomie dans sa vie quotidienne et exige de se libérer de l’action coercitive de l’État

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