Le 5 octobre, le Parlement européen a adopté une importante résolution sur l’eau en tant que droit humain (*) à partir d’un rapport d’initiative autonome du Parlement européen décidé par la sous-commission des droits humains. Les attentes soulevées par le rapport étaient grandes. Il ne s’agissait plus seulement pour le Parlement européen de traiter du bon état écologique des ressources hydriques européennes et de leur gestion économique. Le rapport portait sur la question du droit à l’eau et de l’eau en tant que bien commun public dans une dimension internationale, mondiale.
L’enjeu fondamental était de savoir si cette fois le parlement européen aller mettre en brèche la ligne rouge établie autour de l’eau par les groupes sociaux dominants des pays “occidentaux”. Une ligne, d’après eux, à ne pas dépasser, fondée sur deux principes : l’eau est un bien économique (approuvé en1992 par la Conférence de l’ONU sur l’eau et l’environnement à Dublin) ; la gestion des ressources hydriques de la planète doit être basée sur l’accès à l’eau via le paiement d’un prix par l’utilisateur, assurant la récupération des coûts totaux encourus par le capital investi (y compris la rémunération du capital, à savoir le profit). Ce principe a été approuvé par la Banque mondiale en 1993).
(…) On peut le dire la résolution constitue un nouvel échec par rapport à la mise en question de la ligne rouge. Certains points marquants du rapporteur ont été, hélas, soit modifiés soit éliminés. Il avait défendu la supériorité, dans l’intérêt des citoyens, du modèle d’approvisionnement public des services hydriques, Il avait aussi invité la Commission européenne à soutenir les processus de dé-privatisation de l’eau et de l’assainissement. La majorité des parlementaires ne l’a pas suivi.
La résolution adoptée n’a pas remis en question la conception délétère de la substitution du droit à l’eau par le principe de l’accès à l’eau sur bases équitables et à prix abordable. Dès lors, aucune dénonciation substantielle n’est faite de la mainmise du droit et du bien commun public mondial par la monétisation et la financiarisation de l’eau. On mentionne uniquement la mise en bourse des contrats à long terme sur l’eau.
La suite ici : Le droit universel à l’eau n’est pas en danger, il est déjà en perdition