Biodiversité : la COP15 de Montréal, un sommet crucial pour enrayer cette crise majeure

« Nous sommes en train de tuer une bonne partie des êtres vivants sur la planète alors que nous en dépendons complètement pour énormément de services », résume Tatiana Giraud, biologiste à l’université Paris-Saclay et professeure au Collège de France. Ils permettent ainsi aux êtres humains de se nourrir, de boire une eau potable, de respirer un air sain et d’être en bonne santé. Ils constituent également des alliés précieux dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour le moment, la communauté internationale a échoué à enrayer cette crise. Aucun des objectifs fixés à Aichi (Japon) en 2010 n’a été tenu, expliquait le cinquième rapport sur les Perspectives mondiales de la diversité biologique (PDF) publié par les Nations unies dix ans plus tard.

Les négociations doivent à aboutir à des accords sur trois grands dossiers :

Le cadre global. Il doit prendre le relais des objectifs d’Aichi pour la période 2020-2030. Ces objectifs sont déclinés en une vingtaine de cibles, parmi lesquelles on retrouve notamment la mise en place de zones protégées sur 30% du globe, la restauration de 20% des espaces dégradés ou encore la diminution des subventions néfastes à la biodiversité, comme celles qui financent le recours aux pesticides dans l’agriculture ou la pêche industrielle.

« Ce cadre a été bien travaillé, nous attendons les arbitrages finaux. Nous souhaitons que cet accord soit l’équivalent de l’accord de Paris pour le climat », explique Sébastien Moncorps, directeur du comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Pour Paul Leadley, écologue à l’université Paris-Saclay et habitué des négociations internationales depuis 2010, il est essentiel de prendre des mesures plus larges que la création de zones protégées. « Nous avons mis beaucoup de choses en place ces dernières années, mais il y a eu une augmentation de toutes les pressions : habitats détruits, changement climatique, pesticides, espèces invasives », déplore-t-il.

Au-delà de la définition des objectifs, les observateurs seront particulièrement attentifs à la précision des critères retenus et aux moyens mis en place pour les contrôler. Comme pour le climat, ces accords sont non contraignants, pour des raisons de souveraineté nationale. « Côte scientifique, nous mettons beaucoup d’espoir dans un meilleur suivi. Nous espérons qu’il y aura, comme pour la Convention climat, des indicateurs et des observations pour voir si nous sommes sur le bon chemin », confie Paul Leadley. « Même si les négociations se déroulent comme dans un rêve, il y aura toujours cette interrogation sur la mise en œuvre », affirme Philippe Grandcolas, écologue et directeur de recherche au CNRS.

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