Ath, c’est à 48 km de Bruxelles. Une distance conséquente à l’échelle de la Belgique, mais microscopique à l’échelle de l’UNESCO. Si vous avez déjà entendu parler de la ducasse d’Ath, c’est probablement à cause de cette polémique liée au personnage du sauvage. Grimé de noir, censé représenter un Amérindien au départ, mais qui a pris progressivement les traits d’un Africain. Le sauvage défile sous bonne garde parce qu’il tente de s’enfuir, et son comportement est ouvertement outrancier, les Athois l’ont même surnommé “le dégoûtant” pendant tout un temps.
Ce personnage n’est apparu qu’à la fin du 19ie siècle. On est en pleine époque coloniale. À l’époque, à Ath, il y a aussi un char chinois, un char écossais, des Bédouins, des Grecs. Un exotisme de pacotille qui a, en grande majorité, disparu. À l’exception de la barque des Napolitains et du sauvage qui sont toujours bel et bien présents.
Ce personnage du Sauvage et sa posture dévalorisante ont attiré bien longtemps l’attention des associations antiracistes. Les premières interrogations remontent à la libération quand des GI afro-américains venaient de libérer la Belgique. Mais jusqu’à récemment, les Athois avaient refusé de retirer leur personnage. Dernier épisode, la mise en place d’une commission citoyenne qui devait réfléchir à la question. Retirer le sauvage, ou quitter la liste du patrimoine immatériel de l’humanité.
Finalement, ce n’est pas Ath qui a décidé, c’est l’Unesco.La ducasse est donc retirée de la liste.
La suite ici : Le folklore et l’humanité, l’édito de Fabrice Grosfilley