Après neuf mois de guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a enfin trouvé des cibles à la mesure de la grandeur russe qu’il revendique : des centrales électriques et des canalisations d’eau. Depuis que son armée enchaîne les reculades humiliantes dans des territoires proclamés russes pour l’éternité en septembre, des vagues de missiles s’abattent en représailles sur les infrastructures ukrainiennes. Des objectifs civils qui ne peuvent ni se défendre ni riposter, voilà ce que vise désormais le maître du Kremlin. Il a jugé le 2 décembre ces frappes « nécessaires » compte tenu des attaques « provocatrices » conduites par un pays qui résiste.
Les bombardements revendiqués par Moscou foulent plus que jamais aux pieds les règles élémentaires du droit humanitaire international établies par le protocole additionnel des conventions de Genève visant à protéger les civils en temps de guerre. Il s’agit de la distinction entre ces derniers et les militaires, et des principes de précaution et de proportionnalité que le Kremlin considère manifestement comme des preuves de la faiblesse présumée de l’Occident.
La somme des crimes de guerre russes accumulés au cours de cette agression conduite avec des méthodes d’un autre siècle pourrait alimenter chez les alliés de Kiev une forme d’indifférence, voire de banalisation. Il faut y résister, en insistant au contraire sur leur caractère désormais systémique, et en rappelant inlassablement leurs effets sur la vie quotidienne des Ukrainiennes et les Ukrainiens.
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