Dans les deux cas, ce sont des événements qui auraient pu passer totalement inaperçus qui provoquent l’explosion. En Iran, la mort de Mahsa Amini entre les mains de la police des mœurs, n’avait rien d’exceptionnel : la brutalité des différentes forces de l’ordre est hélas connue ; et pourtant sa mort a déclenché la révolte des femmes.
En Chine, de la même manière, l’incendie de l’immeuble d’Urumqi qui a déclenché la vague de protestation, aurait pu rester un choc isolé ; comme l’avait été en septembre l’accident d’un bus de personnes emmenées dans un camp de confinement dans la province du Guizhou, faisant 27 morts. Cette fois, les dix morts d’Urumqi ont fait descendre les Chinois dans la rue, comme jamais depuis trois décennies.
Peut comparer les deux mouvements ? En fait, il faut les comparer pour comprendre comment naissent les révolutions potentielles, quel est ce déclic qui fait bouger les masses. En 2011, le suicide d’un vendeur de légumes dans une petite ville de Tunisie avait entraîné la chute d’une dictature, parce que le contexte était explosif, parce que le régime n’était pas aussi solide qu’il y semblait.
En Iran comme en Chine, tout est aussi affaire de contexte. En particulier pour la jeunesse de ces deux pays, qui, pour des raisons différentes, voit son horizon bouché. En Iran, le rigorisme moral des mollahs doublé du marasme économique éternel dû aux sanctions et à l’isolement du régime, ont fait perdre espoir à une jeunesse qui aspire à une vie meilleure.
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