Personne n’avait vu venir cette crise. Certainement pas Xi Jinping, qui sort d’un 20ème Congrès du Parti communiste chinois triomphal, qui lui a permis de verrouiller son pouvoir à la tête de la Chine.
Il n’aurait pas pu imaginer qu’à peine un mois plus tard, en plein centre de Shanghai ou sur le campus de la prestigieuse université de Tsinghua, à Pékin, dont il est lui-même diplômé, son nom serait conspué, et la démission du Parti communiste réclamée. La scène s’est répétée dans au moins une cinquantaine d’autres universités, et de très nombreuses villes chinoises.
Pour imaginer l’audace nécessaire pour de tels actes, mêlant le ras-le-bol des mesures anti-Covid à une demande de liberté, il faut se souvenir que c’est du jamais vu depuis le printemps 1989, lors du mouvement démocratique de la place Tiananmen, écrasé dans le sang le 4 juin. En trois décennies, la Chine a connu bien des contestations, mais, surtout depuis l’arrivée de Xi Jinping en 2012, aucune de cette ampleur.
Il y a bien sûr le Covid, qui fait de la Chine une planète à part. Faute d’avoir accepté d’importer des vaccins occidentaux qui permettent aujourd’hui au reste du monde de « vivre avec le virus », la Chine s’est enfermée dans une stratégie de « zero Covid ». Cela ne marche plus.
Toutes les provinces chinoises sont aujourd’hui touchées, et la population est soumise à des confinements interminables -100 jours déjà à Urumqi, la capitale du Xinjiang-, et appliqués avec un zèle bureaucratique frisant souvent l’absurde. Mais aussi le tragique : c’est l’incendie d’un immeuble à Urumqi, faisant dix morts, qui a provoqué la flambée de colère : les résidents affirment que les restrictions antiCovid ont empêché les secours d’arriver plus vite.
A travers la Chine, ce drame a déclenché la tempête. Et celle-ci a réveillé un malaise social et identitaire au sein d’une classe moyenne désabusée par la fermeture des frontières, le ralentissement économique, un sentiment d’étouffement.
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