La FIFA au stade de l’aveuglement

Toutes choses égales par ailleurs, le lancement du Mondial 2022 de football a été fêté, dimanche 20 novembre, à Al-Khor, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Doha, à l’image de ce qui se faisait, il y a quelques décennies, lorsqu’un centre commercial ouvrait en lisière d’une ville. Les responsables politiques locaux (l’émir Al Thani et les dirigeants de la région), le patron de la zone d’activité (Gianni Infantino, le président de la Fédération internationale de football [FIFA], le « gouvernement » du football international) et les premiers clients (des spectateurs et des téléspectateurs du monde entier) étaient réunis, sous l’œil des médias, pour assister à l’ouverture des portes.

La comparaison s’arrête là, car, en termes d’échelle, cette Coupe du monde se situe sur une autre planète, celle des excès. Les responsables de la Fédération internationale de football en ont décidé ainsi en décembre 2010 : des stades pousseraient sur un territoire aussi grand que la Corrèze et la Creuse réunies, sur des terres arides mais irriguées de « gazodollars », où vivent 2,9 millions d’habitants, dont seulement 10 % d’autochtones. La liste des problèmes occultés par la FIFA pour confier l’organisation au plus offrant est longue. Au Qatar, les droits des femmes sont limités, l’homosexualité illégale, des ouvriers étrangers travaillent dans des conditions d’un autre âge sur les chantiers, et certains y perdent la vie.

Face à un si sombre tableau, on aurait pu s’attendre à ce qu’un dirigeant de culture européenne, l’Italo-Suisse Gianni Infantino, à la tête de la FIFA depuis 2016, s’engage en faveur d’initiatives invitant le pays hôte, et d’autres, au progressisme. A contrario, samedi 19 novembre, M. Infantino s’est livré face aux médias à un virulent plaidoyer pour le Qatar et contre l’Europe, continent où les voix les plus critiques se font entendre.

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