Iran, SOS jeunesse : les sanglots longs de la répression

L’ayatollah Khomeini comparait le peuple à l’enfant mineur qui doit être guidé par un tuteur, le Jurisconsulte de la Loi. Dans son livre intitulé « Pour un gouvernement islamique » (publié en 1964 en Irak et traduit en français par Fayolle en 1979), il annonce le programme de la République islamique avant de l’instaurer en 1979. Il s’agit bien d’une théocratie chiite qui n’emprunte à la république que le nom, accolé à quelques institutions pseudo-démocratiques.

« Pour la première fois dans l’histoire, les bases d’un gouvernement islamique se codifient et la charia (les lois établies par le clergé au pouvoir) va s’introduire dans la vie des hommes comme système de gouvernement […] », déclarait près d’une décennie plus tard le futur président Hachemi Rafsandjani (discours à l’Assemblée islamique le 3 juin 1987).

Ségrégation et patriarcat, inégalité entre sexes, ethnies et minorités religieuses composent les fondements de la charia codifiée et imposée aux Iraniens. Pour le législateur islamiste, la ségrégation commence dans le ventre maternel, puisque l’emploi des termes « complet » et « humain » renvoie exclusivement au fœtus mâle quand il est question du prix du sang (diyeh) à payer après un avortement. De même, avec la bigamie légalisée, le mâle peut contracter mariage avec plusieurs femmes, y compris des fillettes de 13 ans. Un père peut tuer son enfant en payant le prix de son sang et sans risquer la peine capitale, contrairement à la mère qui subira le châtiment suprême.

Le régime des ayatollahs n’a rien d’une république digne de ce nom. Est-il pour autant islamique ? Lisons l’ordonnance de Khomeini : « Dans l’intérêt de la République islamique et du règne du Jurisconsulte, transgresser la Parole du Coran devient légal dans certaines circonstances. »

La leçon retenue par son successeur Ali Khamenei, celui-ci modifie la Constitution afin que le règne du Jurisconsulte (Velayat-e faqih) se transforme en règne absolu du Jurisconsulte (Velayat-e motlaqe-ye faqih). « Dans l’intérêt général de l’islam et des musulmans, les décisions du Guide suprême priment, et doivent primer, sur la volonté populaire et les instances représentatives. » (Alinéa 75 de l’article 5 de la Constitution.)

La suite ici : Iran, SOS jeunesse : les sanglots longs de la répression