Quatre-cent-quatre-vingt-quatorze voix pour, 58 contre, et 44 abstentions : c’est donc un vote sans appel du Parlement européen qui a qualifié hier la Russie d’« État promoteur du terrorisme » et d’« État qui utilise des moyens terroristes ».
La question n’est donc pas tant la réalité de ce que décrit cette résolution du Parlement européen, dans un contexte où chaque jour ajoute de nouveaux crimes de guerre à la liste déjà longue depuis neuf mois ; la question est plutôt celle de son utilité, et de ses conséquences ; elle est plus largement, celle de l’opportunité, voire de la nécessité, de négocier un jour la paix avec la Russie.
En politique étrangère, les résolutions du Parlement européen n’ont qu’un caractère de recommandation, elles ne s’imposent ni aux gouvernements nationaux, ni à la Commission européenne. Les pays membres de l’UE ne sont donc pas tenus de les suivre.
Jusqu’ici, seuls les parlements nationaux des trois États baltes, Estonie, Lituanie et Lettonie, ont voté des résolutions similaires. On sent bien une réticence chez plusieurs autres ; aux États-Unis également où Joe Biden se refuse à employer cette formule.
La raison de cette réticence n’est pas une volonté de minimiser l’ampleur des crimes commis par l’armée russe, mais de ne pas se lier les mains dans la recherche de solutions. Car avec un État « promoteur du terrorisme », on ne parle pas, on le combat. Or pour mettre fin à une guerre, il y a soit la victoire totale d’un camp sur l’autre, soit la négociation.
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