La colonisation en face

Condamner et présenter des excuses, c’est une formulation que recommande le Président de cette commission, l’écologiste flamande Wouter De Vriendt. “La Chambre condamne le régime colonial en tant que système fondé sur l’exploitation et la domination, qui reposait sur un rapport d’inégalité injustifiable caractérisé par le paternalisme, la discrimination et le racisme et qui a donné lieu à des humiliations” écrit précisément ce président dans cette proposition.

La Chambre présente ses excuses aux peuples congolais, rwandais et burundais pour la domination et l’exploitation coloniales, les violences et les atrocités, les violations individuelles et collectives des droits humains durant cette période ». Elles n’ont l’air de rien ces deux phrases, mais elles sont peut-être le point final d’un travail qui aura duré deux ans et demi. Avec 300 auditions, un voyage sur place, et aussi le renfort de trois experts. La commission spéciale consacrée à la question coloniale doit théoriquement remettre son rapport à la fin de l’année.

Ces propositions ne sont pour l’instant que les seules propositions du Président de cette commission. Il va falloir que les autres membres de la commission marquent leur accord et que le texte final soit ensuite approuvé en séance plénière. Le débat sera compliqué, on le sait d’avance, entre ceux qui veulent reconnaître une responsabilité historique dans les atrocités coloniales, et ceux qui estiment que la page est tournée et qu’on ne peut pas ou qu’on ne doit pas s’excuser au nom des générations passées.

Toute la difficulté dans ce dossier, c’est quand même de donner un poids aux mots que l’on emploie. Du côté des colonisés, le poids est celui des morts, des tortures et des pillages. Et pour le Congo, ce sont des millions de morts qu’il faut mettre dans la balance. Il ne suffit pas de dire qu’on a eu tort, que cela ne se faisait pas et qu’on exprime ses profonds regrets pour reprendre une formule consacrée. Il faut évidemment aller plus loin. Trouver les mots justes, et faire en sorte de trouver les gestes qui leur donne une certaine consistance

La suite ici : La colonisation en face, l’édito de Fabrice Grosfilley