Au départ, l’appellation North Field désigne le plus grand gisement de gaz naturel au monde. Il est situé dans le golfe Persique, entre les eaux territoriales de l’Iran et celles du Qatar. Un rapide coup d’œil sur la page Wikipédia du site permet de constater que l’ensemble de ce gisement représente environ 51 billions (51 000 milliards) de mètres cubes de gaz naturel in situ, et 7,9 milliards de mètres cubes de condensats (mélange liquide d’hydrocarbures légers obtenu par condensation). C’est l’équivalent d’environ 200 gigabarils de pétrole, soit plus du double du plus grand gisement de pétrole connu, Ghawar, situé en Arabie saoudite.
Contrairement à l’Iran, qui a pris du retard dans l’exploitation du site à cause des sanctions internationales, le Qatar n’a pas attendu très longtemps pour tirer profit de cette ressource. « L’exploitation côté qatari a débuté en 1988, avec la première livraison de gaz liquéfié au bout de huit ans, en décembre 1996 », retracent les contributeurs de Wikipédia. Depuis, North Dome est devenu un pilier de l’approvisionnement énergétique mondial, alimentant à la fois « le marché local du gaz naturel, une vaste industrie pétrochimique et la production de produits raffinés synthétiques à partir du gaz ». Et faisant, au passage, du Qatar l’un des premiers acteurs mondiaux de l’industrie du gaz naturel liquéfié (GNL), avec une capacité d’exportation atteignant en 2020 environ 77,1 millions de tonnes (Mt), juste derrière l’Australie (77,8 Mt).
Au-delà des pipelines déjà installés sur place, le Qatar entend depuis quelques années accélérer l’exploitation de North Field. En 2017, l’émirat a ainsi annoncé l’expansion du champ gazier sous le titre du North Field Expansion project, révoquant de fait l’interdiction d’exploitation qu’il s’était auto-imposé en 2005. L’objectif de ces investissements massifs est d’accroître les capacités d’exportation de GNL du Qatar, en les faisant passer de 77 Mt/an à 126 Mt/an d’ici 2028.
Et pour ce faire, le Qatar cherche des partenaires. En février 2021, l’émirat avait notamment retenu le consortium franco-japonais Technip – Chiyodapour « l’ingénierie et la construction » des quatre méga-trains de liquéfaction de North Field East. Surtout, en 2022, le géant français TotalEnergies a été sélectionné à deux reprises : une première fois en juin comme premier partenaire international sur le projet North Field East (permettant à la major française de produire 3,5 Mt/an supplémentaires de GNL à horizon 2028), et une seconde fois en septembre, à nouveau comme premier partenaire international, mais cette fois dans le cadre de l’opération et la maintenance du projet d’extension des capacités de liquéfaction du gaz North Field South (16 Mt/an de GNL).
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