En un peu plus de 70 ans, la population mondiale a été multipliée par plus de trois. Si nous étions 2,5 milliards en 1950, nous franchissons, mardi 15 novembre, la barre des 8 milliards d’êtres humains. Un seuil symbolique déterminé par une projection de l’ONU dévoilée mi-juillet à l’occasion de la Journée mondiale de la population. De quoi donner un certain vertige. Car, selon les estimations des Nations unies, la Terre devrait compter environ 9,7 milliards d’habitants en 2050 et autour de 10,4 milliards vers 2080.
Et ensuite ? Les spécialistes anticipent une pause jusqu’à l’horizon 2100, date à laquelle les démographes tablent même sur une stagnation, voire le début d’une inflexion de la courbe. Mais comment expliquer ce plafond quand, mathématiquement au moins, on pourrait imaginer une croissance infinie de la population mondiale ?
Pour Gilles Pison, chercheur à l’Institut national d’études démographiques (Ined), le fait que la population mondiale atteigne un pic vers la fin du siècle, avant de potentiellement stagner, résulte de tendances déjà bien connues des spécialistes. « Le démographe ne sait pas prédire les catastrophes ou les changement brutaux. Donc il prolonge les tendances d’aujourd’hui, explique-t-il. Et l’on observe que la croissance démographique se poursuit, mais à un rythme qui décélère depuis 60 ans déjà. »
En démographie, la fécondité correspond au nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer. Or, ce taux est en baisse partout dans le monde, explique-t-il. « C’est un mouvement qui ne date pas d’hier. »
Aujourd’hui, les Européennes et Nord-Américaines ont en moyenne 1,5 enfant chacune, contre 1,9 en Asie et 1,8 en Amérique latine. « En Afrique, si on compte un peu plus de quatre enfants par femme, en moyenne, la fécondité y est en baisse également, poursuit-il. La limitation volontaire des naissances devrait s’y généraliser à terme, comme ailleurs », note-t-il, relevant toutefois une baisse qui « s’effectue à un rythme plus long que ce qui a été observé en Amérique latine ou en Asie il y a une quarantaine d’années. »
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