Avant le scrutin du 8 novembre, tous les sondages montraient que l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat constituaient la préoccupation majeure des électeurs et surtout des Républicains et des Indépendants. Par ailleurs, 54% avaient une mauvaise opinion de Biden. La combinaison de ces données laissait croire que les Républicains allaient bénéficier d’une puissante « vague rouge » (puisque le rouge est la couleur de ce parti contre le bleu pour les Démocrates).
Or cette vague n’a été en fait qu’un modeste sursaut permettant aux Démocrates de conserver, contre toute attente, de nombreuses positions de gouverneur ou de sénateur dans les États. Ce résultat surprenant s’explique avant tout par l’importance de facteurs culturels qui ont pesé sur les votes, et qui ont paru plus déterminants à beaucoup d’électeurs que les seules préoccupations économiques.
Cette situation a desservi les Républicains, piégés par le rôle excessif joué par Donald Trump. Alors que les stratèges du Grand Old Party voulaient mettre l’accent sur le mécontentement de la population face à des hausses vertigineuses des prix et à la progression de la délinquance dans les métropoles, l’ancien président est resté sur la rhétorique des deux dernières années, qui tourne autour de sa propre personne. Il n’a cessé d’insister, dans de multiples meetings, sur le fait que l’élection de 2020 avait été « volée » et que Biden n’avait pas été vraiment élu. Il a soutenu avec véhémence les candidats au Congrès et au Sénat qui reprenaient sa thèse, les « deniers », donnant ainsi l’impression aux électeurs indépendants, qui représentent 40% du corps électoral, que seul comptait le destin de l’ancien président et qu’on ne se souciait pas de leur sort.
Il est significatif à cet égard que les candidats soutenus par l’ancien président ont rencontré beaucoup d’échecs. Certes, C. J. Vance a été élu sénateur de l’Ohio grâce à Trump, mais en Pennsylvanie, un État-clé, les candidats pro-Trump aux postes de gouverneur et de sénateur ont été sèchement battus.
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