Le Qatar, si loin de l’Autriche

Dès hier soir sur l’antenne de BX1, Zakia Khattabi faisait part de sa déception, « je découvre qu’il existe une diplomatie footballistique» raillait-elle. C’est vrai que pour les écologistes cette décision du gouvernement fédéral ressemble à un désaveu. Ils s’étaient prononcés pour un boycott politique de cette coupe du monde. Ok pour que les joueurs y aillent, mais évitons d’envoyer des représentants de l’État belge.

C’est vrai que cette coupe du monde au Qatar n’est pas n’importe quelle coupe du monde. D’abord parce qu’elle ressemble à une hérésie environnementale. Construire des stades dans lesquels on va pulser de l’air froid pour que les joueurs ne suffoquent pas en termes de sobriété énergétique on repassera. Ensuite parce que la désignation du Qatar a été entachée par des soupçons de corruption. Le Qatar est un pays, n’est pas un pays où l’on joue au football. Obtenir la coupe du monde était avant tout une question de finance et de prestige diplomatique.

La plus grosse des polémiques est en rapport avec les droits humains.  La construction des huit stades qui vont servir à cette coupe du monde s’est faite à coup de chantiers peu regardants sur les conditions de travail. Avec une main d’œuvre sous-payée et des accidents du travail qui auraient fait plusieurs milliers de morts, et évidemment des syndicats qui sont interdits. Hier soir, la justice française a décidé d’inculper une filiale d’un grand groupe de travaux publics qui avait participé à la construction d’un stade au Qatar. Une filiale du groupe Vinci, pour ne pas le nommer, est mise en examen pour « conditions de travail ou d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine ». Et il serait fort étonnant que les entreprises belges qui ont participé aux mêmes chantiers aient les mains beaucoup moins sales.

On rappellera que le Qatar est un État où l’homosexualité reste sévèrement punie, où les femmes sont toujours soumises à l’autorité d’un tuteur, ou la liberté de la presse n’existe pas, ou la justice n’est pas indépendante, etc.

La suite ici  : Le Qatar, si loin de l’Autriche : l’édito de Fabrice Grosfilley