Il y a donc deux versants à sa politique qui peuvent paraitre contradictoires, mais qui en fait résultent de ces noces — inédites en Italie — du néolibéralisme et de l’extrême droite autoritaire. Déjà, on peut constater que cet assemblage produit une radicalité certaine sur le plan idéologique et politique même si on n’en mesure pas encore toute l’ampleur. Mais il est vraisemblable que ce gouvernement tentera d’être d’autant plus autoritaire sur le plan des libertés et plus restrictif sur les questions sociétales qu’il devra faire des concessions sur le plan économique.
Sur ce chapitre, lors de sa première visite à Bruxelles, le 3 novembre, devant les instances de l’Union, Meloni a tenu un discours que n’aurait pas renié Mario Draghi : réaffirmation du soutien inconditionnel à l’Ukraine, respect des traités européens, contrôle des déficits budgétaires et le tout sans le moindre accent souverainiste. La Première ministre confirmait ainsi son réalignement politique qu’indiquait déjà la nomination de quelques ministres majeurs de son cabinet (affaires économiques et affaires étrangères notamment[1]).
Sur l’affirmation de son identité idéologique d’origine, Meloni a mené une opération sur quatre fronts. Tout d’abord sous un autre aspect de la formation de son gouvernement où des ministres européistes et néolibéraux cohabitent avec quelques figures venues en droite ligne du fascisme. C’est le cas de plusieurs secrétaires d’État, dont Galeazzo Bignami, vice-ministre des Infrastructures, photographié en 2005 en chemise noire et brassard nazi (« pour une fête privée », précise l’intéressé). Toujours sur le plan idéologique, ce 9 novembre, jour anniversaire de la chute du Mur de Berlin, le ministre de l’Instruction et du Mérite, Giuseppe Valditara a écrit sa première lettre aux étudiants pour les mettre en garde contre tous les maux du communisme.
La suite ici : Italie : Meloni, Rassurer et Punir