Joe Biden a échappé à la « raclée ». Barack Obama avait employé cette image pour décrire la déroute démocrate essuyée à la Chambre des représentants en 2010, lors de ses premières élections de mi-mandat. En son temps, Bill Clinton aurait pu la prendre également à son compte après le scrutin de 1994. Les premiers résultats des élections de mi-mandat, presque invariablement fatales au parti qui occupe la Maison Blanche, décrivaient le 9 novembre au matin une résistance démocrate inattendue.
Ce président bientôt octogénaire, peu à l’aise avec les mots, peu populaire, et dont le mandat est lesté par une poussée d’inflation inédite depuis des décennies, peut toiser ses illustres prédécesseurs, auxquels il est souvent comparé à son désavantage. A mi-chemin de son mandat, il ajoute cette résistance à un bilan législatif conséquent. Le blocage que pourrait produire la probable perte de la Chambre des représentants par son camp, avant que la situation ne s’éclaircisse pour le Sénat, devrait l’empêcher désormais d’aller plus loin.
Ce bilan législatif se traduira à terme, après que Joe Biden aura quitté la Maison Blanche, par une modernisation en profondeur de son pays, qu’il s’agisse de ses infrastructures ou de son adaptation au défi posé par le dérèglement climatique. Un legs important pour une personnalité politique régulièrement sous-estimée.
Le second enseignement de l’étroitesse des gains républicains concerne directement le camp conservateur. Ce dernier escomptait un vote de confiance qui ne s’est pas matérialisé dans les urnes. Certes, il a pu bénéficier des fautes de Joe Biden, dont son incompréhension initiale d’une inflation qui s’est avérée durable et sévère. Les républicains ont été portés par les prix élevés de l’essence à la pompe, sans doute l’indice le plus scruté aux Etats-Unis, mais leur attractivité laisse manifestement à désirer.
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