Les midterms seront d’abord un référendum sur l’âme américaine qui va nous permettre de mieux comprendre l’état de la société américaine. À partir de cela, il est en effet possible que nous soyons à un point de rupture.
J’utilise le mot de référendum car un nouveau paramètre est entré en jeu ces derniers mois : celui du jeune vote démocrate féminin et la façon dont ces jeunes femmes vont réagir, au moment de passer aux urnes, face à la fin du droit à l’avortement. Il est possible qu’il y ait une grande vague de réaction contre la décision de la Cour suprême, qui entraînerait dès lors un renouvellement du Parti Démocrate. Mais, encore une fois, c’est impossible à prédire et les résultats dépendront ce que nous appelons aux États-Unis le turn out. Au Kansas par exemple, État qui penche fortement du côté républicain, le référendum sur la fin de l’inscription de l’avortement dans la Constitution de l’État a provoqué la surprise générale : à la question « Est-ce que la Constitution du Kansas doit être amendée pour enlever les protections du droit à l’avortement ? », 58,8 % des votants ont répondu « non ». Le Président Biden a compris l’importance de cette question et essaie vraiment de mettre l’accent, dans cette campagne, sur les questions liées à l’avortement et à Roe vs Wade.
(…) La présidence de Trump a marqué, selon vous, le retour au premier plan du nationalisme blanc, un phénomène qui divise profondément la société américaine.
Un thème structure en effet toutes les campagnes républicaines : le nationalisme blanc. Le discours de Donald Trump1 est particulièrement clair sur ce sujet, et ses récents propos antisémites viennent renforcer cela : les Juifs américains seraient, selon l’ex-président, « ingrats ». Ron de Santis, gouverneur de Floride et figure de proue du Parti républicain, est également sur cette ligne : il est particulièrement virulent sur les questions d’immigration et fait tout pour transporter les sans-papiers vers des « États sanctuaires », dans des villes comme New York ou Chicago. Ce nationalisme blanc est redevenu particulièrement virulent avec l’arrivée au pouvoir de Trump, et n’a fait que s’accentuer depuis. De Santis, potentiel candidat à la présidentielle de 2024, utilise les mêmes axes de nationalisme et de racisme que Trump avant lui, qui l’avait par ailleurs soutenu lors des élections en Floride en 2018.
La suite ici : De Google à Galula : sonder les âmes américaines à l’heure des midterms, une conversation avec Bernard Harcourt – Le Grand Continent