Si, ce mardi, les démocrates conservent leur majorité au Sénat, ce sera un franc succès. S’ils préservent leur majorité à la Chambre des Représentants, ce sera un vrai miracle. Traditionnellement, les élections de mi-mandat sont en effet un échec pour le parti du Président. Cette année, le contexte économique difficile et l’impopularité de Joe Biden renforcent encore les difficultés pour le parti au pouvoir à Washington. Et alors qu’au cours de l’été, on a pu croire que la décision de la Cour Suprême donnant aux États le droit de décider de leur législation en matière d’IVG allait mobiliser l’électorat démocrate, l’effet un temps bien réel de cette décision semble s’être dissipé. Comme à chaque midterms, le parti du Président semble se diriger vers une défaite, même si son ampleur reste à déterminer.
Qu’ils soient démocrates ou républicains, qu’ils soient populaires ou rejetés, qu’ils aient servi au XIXème ou au XXème siècle, les Présidents américains subissent presque tous une défaite lors des élections de mi-mandat. Le scrutin à la Chambre des Représentants, qui est intégralement renouvelée par l’ensemble du pays tous les deux ans, offre un aperçu particulièrement net de cette loi d’airain de la vie politique américaine. Depuis 1860 et la mise en place progressive du bipartisme entre républicains et démocrates, 40 élections de mi-mandat se sont déroulées aux États-Unis ; sur ces 40 scrutins, 37 ont été marqués par un recul du parti du Président en termes d’élus à la Chambre. Si, dans la plupart des grandes démocraties, les élections intermédiaires sont généralement défavorables au parti au pouvoir au niveau national1, on ne retrouve cependant une telle régularité dans la défaite dans aucun autre pays.
Au-delà de la Chambre des Représentants, le recul du parti du Président américain à mi-mandat se retrouve aussi dans les autres types de scrutins organisés le même jour, malgré les perturbations potentielles créées par le fait qu’ils ne concernent pas tous les États2. Au cours des 40 dernières années, les dix scrutins au Sénat qui se sont déroulés à mi-mandat se sont soldés par six défaites pour le parti du Président ; pour les postes de Gouverneurs et pour les Législatures d’États3, le parti du Président a même reculé dans huit cas sur dix.
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