En 2022, le terme “woke” et ses dérivés – l’incontournable “wokisme”, l’agaçante “wokitude”, l’ironique “wokistan” – auront été sur presque toutes les lèvres. Et notons que celles qui les auront davantage prononcés en faisant la moue sont principalement, mais non exclusivement, masculines1. En effet, qui n’a pas son mot à dire sur ce phénomène importé d’Outre-Atlantique dans un sillon supposément tracé par différents mouvements de lutte contre les discriminations (antiracisme, féminisme, mouvement LGBTQI +) et par les branches des sciences humaines et sociales qui les nourrissent (études postcoloniales, études de genre, études queer), dont les contours restent pourtant encore flous : s’agit-il d’un mouvement ? d’une idéologie ? d’une culture ? d’une religion ? voire d’une secte ?
Qui, aujourd’hui, n’a pas sa petite ou même sa grande idée sur le “wokisme” ? Nouveau cheval de bataille de la droite conservatrice, va-t-il s’inscrire durablement dans le débat public sur les questions d’égalité et de justice sociale ou sera-t-il rapidement délaissé et oublié à l’instar de l’“ islamogauchisme” ?
Arrivé en France et en Belgique après être passé par le Québec, le “wokisme” n’a pas bonne presse. Récupéré presque exclusivement par la droite conservatrice et ses relais dans la presse, il fait l’objet d’un battage médiatique virulent. A titre d’exemple, le quotidien de droite Le Figarocomptabilise, à lui seul, depuis 2021 pas moins de 400 articles qui dénoncent, plus ou lois frontalement, la déferlante “woke” et la menace qu’elle représenterait pour notre société.
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