Chaque année, le message s’intensifie: “c’est la COP de la dernière chance”. Cet été, l’actualité a effectivement rappelé l’impact du réchauffement climatique, causant sécheresses et catastrophes. Le monde prend conscience de l’aspect de plus en plus régulier de ces événements destructeurs, et il en sera probablement question lors de cette nouvelle COP.
Mais nous aurions pu écrire ça l’année dernière, ou l’année d’avant, ou l’année d’encore avant… En réalité, depuis la COP 21 qui a eu lieu à Paris en 2015 et où de nombreuses personnes ont découvert le principe de cette Conférence des parties, l’espoir a cédé à la résignation. Les dirigeants avaient quitté la France avec un accord historique sous le bras: 195 pays s’accordaient sur l’objectif de maintenir la hausse de température moyenne mondiale à moins de 2°, et si possible à 1,5°. Tout le monde y croyait, mais six ans plus tard, le constat est terrible. Selon l’ONU, les plans nationaux et internationaux actuels des pays signataires sont “très loin” de permettre de répondre aux objectifs de l’accord de Paris.
Cela n’étonnera pas grand monde. Si la première COP a eu lieu à Berlin en 1995, le premier protocole contraignant date de 1997, avec l’accord de Kyoto. Il devait encadrer les émissions de CO2. Un protocole signé il y a 25 ans et dont aucun objectif n’a jamais été rempli. Pire, les émissions n’ont fait que grimper depuis, alors qu’il faudrait les diminuer de 40 % pour ne pas dépasser les 2°.
D’où la question inévitable de l’intérêt des COP. La très médiatisée COP 21 avait relancé l’engouement de ce rassemblement planétaire de politiques, d’ONG et de membres de la société civile. Mais avec du recul, elle marque surtout l’incapacité des États à suivre leurs propres recommandations. Dans ce contexte, voir leurs dirigeants tout sourire, fiers de l’aboutissement de leurs discussions, a tendance à crisper. Pourtant, selon l’historienne française du climat Amy Dahan, les COP peuvent servir à mobiliser la société civile et à sensibiliser l’opinion publique. Elles ont aussi permis à certains pays de sortir de leur climatoscepticisme. Mais elle déplorait l’an dernier dans Le Parisien, à l’occasion de la COP 26 à Glasgow, que “lors des COP, on ne parle pas des moyens à mettre en œuvre pour faire baisser les émissions. On ne parle jamais concrètement de la finance ou de l’économie par exemple”. Bref, un concentré de bonnes intentions, mais un manque criant de volonté pour mettre en application des protocoles perdant dès lors de leur sens. Ce qui implique un désintérêt progressif pour cet événement qui devrait être le plus important de l’année vu l’urgence de la menace climatique.
La suite ici : COP27 : ce genre de sommet “vert” est-il devenu le greenwashing ultime ?