À la veille des élections de mi-mandat, des États-Unis durablement fracturés

Depuis l’expérience du mandat de Donald Trump, qui s’est achevé dans le tumulte d’une ahurissante tentative d’envahissement du Capitole en janvier 2021, apothéose catastrophique d’une brutalisation généralisée du débat public outre-Atlantique, la démocratie américaine semble souffrir de divisions et de  fracturations que certains analystes, parmi les plus pessimistes, ne rechignent plus à qualifier parfois d’insurmontables.

Pourtant, comme le rappelle dans son nouvel essai Jean-Éric Branaa, les États-Unis bénéficient toujours d’une position économique et stratégique incomparable, qui leur permet d’assurer leur hégémonie mondiale, et donc de persévérer dans la croyance en une « destinée manifeste » de leur nation (selon l’expression forgée en 1844 par le journaliste John O’Sullivan, devenue depuis un quasi-credo national). Premier PIB mondial, plus imposant budget militaire (autant que les budgets cumulés des douze pays suivants), une monnaie (le dollar) représentant 60 % des échanges internationaux, de gigantesques gisements de pétrole et de gaz, un leadership  universitaire indéniable et un dynamisme dans l’innovation inégalé, ainsi qu’un soft powersuractif… Autant d’éléments statistiques qui, en apparence, ne pourraient laisser présager, sur un territoire aussi « providentiel », pareilles crispations.

Pourtant, le pays cumule un certain nombre de difficultés, et donc de crises conséquentielles majeures. Si l’immensité de son territoire (dix-sept fois la France métropolitaine) peut constituer un atout, ce gigantisme géographique a également des conséquences plus complexes. Des variations de température (de – 39° C dans le nord du Montana à + 37° C dans le sud du Texas au mois de janvier 2022) jusqu’aux épisodes naturels cataclysmiques (ouragans, tornades, etc.), l’espace états-unien risque, dans un avenir proche, de voir se multiplier et s’alourdir les effets du bouleversement climatique. D’après certaines projections, le niveau de la mer pourrait augmenter de 30 centimètres sur le littoral américain d’ici trente ans. De plus, dans le sillage du retrait des Accords de Paris de 2015 décidé par l’Administration Trump en 2017, certaines études prospectives affirment que l’inaction climatique pourrait même coûter à l’économie américaine 14 500 milliards de dollars (4 % du PIB) et 900 000 emplois au cours des cinq décennies à venir.

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