Au fil des semaines, nous découvrons moins la réalité du mouvement idéologique de nos pays que la difficulté des personnels politiques de nos sociétés démocratiques à penser, parler et agir de façon cohérente dans les débats actuels. À l’évidence, au sein de la plupart des familles politiques, contradictions et paradoxes ne cessent de grever la crédibilité des échanges démocratiques. Nos débats publics sont de moins en moins compréhensibles et ont de moins en moins de poids sur notre avenir.
La «droitisation» n’est plus une question théorique et ne fait plus guère l’objet de contestation en tant que constat. En revanche, depuis une décennie, ce sont bien les appareils partisans et les familles politiques que sont censés représenter les partis qui posent question. Un gigantesque chaos idéologique semble s’être emparé de la plupart des forces aspirant à l’exercice du pouvoir dans nos sociétés. On trouve trace de cette réalité un peu partout en Europe et, a fortiori, en France.
(…) Le FPÖ autrichien lui-même semble emmêlé plus que jamais dans son héritage pangermaniste, sa volonté affichée de renforcer la nation autrichienne, ses songes danubiens et la compromission de certains des siens avec Poutine ou ses séides. Le même schéma de confusion idéologique se retrouve dans nombre de droites extrêmes en Europe, notamment en Italie, où Giorgia Meloni compose avec une Lega naviguant à vue entre autonomisme du Nord, nationalisme «nativiste» italien et engouements récurrents pour Poutine. Quant à Berlusconi, il dirige de fait Forza Italia, oscillant entre orthodoxie européenne et provocations récurrentes: faire nommer Tajani, ancien président du Parlement européen, numéro deux du gouvernement Meloni et, en même temps, fanfaronner sur sa reprise de contact avec Poutine.
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