Après le discours solennel prononcé par Joe Biden le 2 novembre, dans lequel il a décrit une démocratie en péril aux Etats-Unis, ses adversaires républicains ont immédiatement dénoncé un alarmisme de circonstance. A la veille d’élections de mi-mandat, le 8 novembre, traditionnellement défavorables au parti qui occupe la Maison Blanche, cet argument d’opportunisme électoral peut s’entendre. Il ne saurait cependant occulter les menaces, réelles, qui pèsent désormais sur les institutions américaines.
Près de vingt mois après l’assaut sans précédent de militants trumpistes contre le Capitole, à Washington, le 6 janvier 2021, dans le but revendiqué d’annuler le verdict de l’élection présidentielle de 2020, la fièvre antidémocratique n’est malheureusement pas retombée. Elle continue d’être entretenue par celui qui avait juré de défendre ces mêmes institutions en prenant ses fonctions et qui avait pourtant orchestré froidement et méthodiquement cette tentative de coup d’Etat. Bien aidé par la lâcheté des responsables républicains, Donald Trump a depuis imposé la contre-vérité d’une élection volée à une masse critique d’électeurs conservateurs. En dépit de l’absence de la moindre preuve, malgré des dizaines d’enquêtes et d’opérations de recomptage.
Donald Trump a triomphé en banalisant en outre une violence verbale qui s’étend comme une lèpre. En 2021, près de dix mille menaces ont été recensées contre des élus du Congrès, principalement contre des membres de la commission d’enquête sur l’assaut du 6 janvier et des femmes issues de la diversité. L’agression brutale, dans la nuit du 27 au 28 octobre, à son domicile, du mari de la speaker démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui était la véritable cible de cette attaque, est une nouvelle preuve des dégâts de cette dérive, tout comme la médiocrité insigne d’une bonne partie des réactions républicaines.
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